Assises à tous vents

Costumes d’apparat, rituels immuables, auditions, déclamations.., il existe dans les procès d’assises une théâtralité largement exploitée sur scène et sur les écrans. Héroïnes expose dans l’espace public le fonctionnement de la Justice. Sous le statut de stagiaire observatrice, Périne Faivre suivit le quotidien d’un cabinet d’avocats. Le spectacle qu’elle écrit et met en scène dresse le compte rendu de cette immersion.

Dans cette proposition fleuve que l’on suit mal assis, où l’on peut aller et venir comme dans un tribunal, s’anime une comédie humaine confrontée à la rigidité des textes et aux fluctuations d’appréciations.

L’on pense au travail du cinéaste-photographe Raymond Depardon qui fixa, en plan fixe et à distance, des interrogatoires (Délits flagrants 1994) où des cessions correctionnelles (10ème chambre-instants d’audience 2004). Héroïnes respecte le même découpage : enquêtes-entrevues lors de la première partie, audiences de tribunal dans la seconde, mais le point de vue se déplace des juges vers les défenseurs. Pourtant les impressions restent les mêmes, entre l’amusement devant la naïveté voire la roublardise de quelques uns, l’indignation provoquée par le parti pris de certains interrogatoires ou la consternation face à l’ignorance et la misère des plaignants ou contrevenants.

Une narratrice, sept interprètes et un peintre-dessinateur comme il en existe toujours dans les procès médiatisés, échangent rôles et robes. S’il aère les débats, le recours à la danse donne à ressentir des désarrois qui ne se verbalisent pas. Par ailleurs, Héroïnes s’attache des plaideurs plus proches du moine soldat que du ténor du barreau à effets de manche.

A ce titre l’on quitte le tribunal partagé entre respect et questionnements, indignation et admiration.

Héroïnes : 20h, Villeneuve en scène, jusqu’au 21 juillet (relâche le 18).

Retour à la liste des articles