A l’entrée de la salle, elle s’affaire sur une mini console, lui, argumente avec son technicien. Comme les spectateurs sont là, il faut bien commencer. Le problème est qu’il n’y a rien à montrer, tout au moins pas grand-chose, puisque le décor est en route vers le Canada, où le couple doit ouvrir, dans quelques jours, un grand festival international.
Quoi qu’il en soit, de ce côté de l’Atlantique, à Avignon (autre grand festival international) le show doit continuer, sous le signe de l’empirique et de l’à peu près.
A ce sujet l’on nous rappelle que l’écriture est un processus bien plus exigeant et complexe que la parole, ancrée depuis des centaines de millénaires dans notre cerveau, représenté au plateau par un choux fleur.
Une échelle récalcitrante, un fauteuil usé, une machine à fumée défaillante, une conduite-déroulé improbable, ponctuent une odyssée intersidérale et une méditation sur les rapports difficultueux et néanmoins complémentaires entre le volume d’une tasse, une pincée de sucre et une lampée de café.
D’ellipses en digressions, Eve Bonfanti et Yves Hunstad papillonnent du coq à l’âne et, avant de répondre à une interview en direct du Québec, distribuent un questionnaire sans question. Le sourire sans cesse aux lèvres et la tête à priori dans les nuages.
S'il repose sur pas grand-chose, Détours et autres digressions nous garde en intérêt, propulsés dans une incertitude à des années lumière des stands up élimés ou des comédies formatées au geste, à la virgule et à la seconde près.
Avec Bonfanti et Hunstad l’on ne sait jamais où l’on va mais on y va, avec un sourire perplexe et un rire spontané, qui assouplit les zygomatiques, aère les neurones et titille nos vagabondages intérieurs.
De l’humour inattendu et drôle, ça existe mais ça ne court pas les rues.
Détours et autres digressions: 17H45, Théâtre Girasole, jusqu’au 30 juillet (Relâche le 10, le 17 et le 26).