Retrouver le corps qu’on m’avait volé

La fragilité de la verticalité … qui représente l’effet surhumain pour se tenir debout.

Cette phrase de la plasticienne Louise Bourgeois, Marion Coulomb la place en exergue du dossier de production de La Boîte de Pandore. Tenir debout. Rester verticale, voilà la ligne directrice de ce seule en scène, à base de riffs électriques, de corde lisse et lancers de couteau.

La proposition s’articule autour de trois numéros de voltige, spécialité de la circassienne. Le premier relève de l’exposition, le jeune femme cause, chante et enlace un filin dans de multiples positions. Dans le second, la sensualité s’estompe derrière la rage convulsive. La troisième acrobatie s’assimile à une reptation d’apaisement.

Entre temps, une clown multifonction aura livré quelques fragments de mémoire numérotés et reconstitués grâce à un rouleau de cordage, quelques peluches, une tête de sanglier, disposés autour d’un mini-manteau d’Arlequin.

Dans son enfance, Marion se passionnait pour l’équitation, sous la houlette d’un proche parent…, qui abusa d’elle durant quatre ans.

Sidération, secret, puis silence, jusqu’à ce que Marion décide de parler, d’ouvrir une boîte de Pandore qui laisse échapper, ce que l’on ignorait.., ou ne voulait pas voir.

Dans un premier temps, il y eu des dessins, exposés dans un petit jardin qui jouxte l’aire de jeu, puis une rencontre avec Pépita Car, photographe-metteure en scène et fille du co-fondateur du Cartoon Sardine Théâtre. Cet été, le portique de Marion, s’élance sous les ogives de l’Église conventuelle de la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, à quelques mètres des cellules du Centre National des Ecritures du Spectacle où le spectacle prit forme, il y a quelques mois. Des voûtes de vieilles pierre à ciel ouvert, espace idéal pour un chemin libératoire, au fil duquel, le corps recompose la mémoire et comble les vides de l’énonciation.

A l’arrivée et aussi éprouvant soit-il, le froid récit qui clôt l’itinéraire, agit comme une catharsis qui marque la victoire par KO de la parole voltigeuse sur l’aveuglement du déni et la chape de la culpabilité. On suit et on prend.

Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, 20H, jusqu’au 22 juillet (relâche le mardi).

Avec Villeneuve en scène :  https://www.festivalvilleneuveenscene.com/programmation/la-boite-de-pandore/

Photographies : Mathieu Ponchet

 

Retour à la liste des articles