Robert Anthelme (1917-1990) était écrivain. Résistant durant la seconde guerre mondiale, il fut déporté dans les camps de Buchenwald et Dachau. En 1947 il publia L’Espèce humaine, minutieux compte rendu de cet internement.
Ce livre ne m’a plus quitté, il n’a pas quitté ma table de nuit. Il n’a pas quitté mon âme, il ne cesse de la travailler.
Cet été Anne Coutureau porte à la scène L’Espèce humaine. Dans la boîte noire se distingue une silhouette, un visage. Puis une voix livre son compte rendu. Vivre un jour de plus, sous l’affliction du froid, la tenaille de la faim. Cruauté, mépris.., endurer la crasse autorité des Kapos, eux même effrayés à l’idée de perdre les faveurs des SS, dont ils sont le bras armé.
Au cœur la salissure et l’obscurité, satisfaire ses besoins s’assimile à un parcours du combattant. Avaler une gamelle s’inscrit dans une fugitive parenthèse de délectation. Pour tenir, chacun puise au fond de ses forces mentales, en quête de petits arrangements avec le désespoir.
Anne Coutureau s’arroge le témoignage de Robert Anthelme, Dans un phrasé à l'écart des affects, elle donne à entendre cette parole documentaire, sommet d’anti-littérature. Mesurés, précis, des contours de lumière nous plongent en immersion, auprès de cet être, prisonnier des recoins les plus sombres de l’âme humaine.
A l’heure du réveil des nationalismes, au moment où les canons tonnent à nouveau sur le vieux continent, Robert Anthelme retrouve, par la probité de son interprète, un accent qui sonne comme un coup de semonce.
Théâtre des 3 soleils : 17H35, jusqu’au 29 juillet (relâche le mardi)
Photographies : Théâtre Vivant
