L’ambiance et plutôt relâchée et néanmoins conviviale dans le jardin du Carmel, à l’orée de la soirée. Emanuela Pace et Arnaud Churin, papotent et chantonnent, sous des platanes encore en bonne santé.
Il faut dire que le couple a bien bourlingué, jusqu’aux contrées les plus interdites de la forêt amazonienne où s’entend le territoires des jivaros Achuar.
Dans Anne-Christine et Philippe, les deux interprètes chaussent les basques de Anne-Christine Taylor et Philippe Descola. De 1976 à 1979, l’ethnologue et son époux anthropologue, partagèrent le quotidien des amérindiens, mondialement connus pour leur réductions de têtes.
La proposition adapte Les lances du crépuscule. Dans cet ouvrage publié en 1993, Descola dresse le compte rendu du séjour chez les Achuar
Les conteurs-bidouilleurs, experts en sons samplés, relatent l’équipée difficultueuse au sein d’une nature plus inquiétante que luxuriante.
Passées la rencontre puis l’acceptation par les autochtones, le couple décrit le modus vivendi d’un peuple pour lequel la guerre est un outil de conservation ; les rapports avec la faune et la flore, un dialogue interpersonnel.
Loin du lyrisme angélique, une passion minutieuse se répand dans une diction cristalline (Arnaud Churin possède un belle voix de stentor). Vers la fin, s’immisce l’usure du désir de comprendre qui met un terme au séjour et clot une proposition qui questionne le rapport au monde, au fil d’une pensée documentée, enrobée, transmise comme un gai-savoir.
Pendant ce temps-là, sur le Carmel, la nuit est tombée.
Le Train bleu : jardin du Carmel, 20H35.
Réservations : https://www.theatredutrainbleu.fr/component/sppagebuilder/page/280
Photographies : Alain Raulène.