70 ans sur un plateau

Actualité du 12/10/2024

 

Fondé en 1947, le Festival d’Avignon rencontre sa première crise en 1954, lorsque un groupe de notables locaux conteste les options artistiques de Jean Vilar, son fondateur. Un comité de soutien se constitue sous l’action de Paul Puaux, instituteur-administrateur du Festival et l’avocat Jean Autrand.

La fronde écartée, le comité de soutien donne naissance aux Amis du Théâtre Populaire. Sur le modèle des ciné-clubs, la nouvelle association se propose de défendre et diffuser le théâtre d’art, tout au long de l’année dans la Cité des Papes. En 2024 la Fédération des Amis du Théâtre Populaire regroupe toujours 15 associations en activité dans l’Hexagone.

 

Après la fête d’anniversaire en mai dernier, les ATP d’Avignon repartent pour une 70ème saison. Bernadette Rey Flau et ses complices composent une affiche en dix chapitres. Nicolas Gogol et son Revizor, (photo) charge farcesque à base de prévarication (février), Guy de Maupassant le nouvelliste, célébré en mars, assurent la ligne classique. La mémoire historique n’est pas en reste. Les Secrets de la Méduse extirpe les faits tragiques à l’origine du Radeau de la Méduse, toile de Théodore Géricault (novembre).

Sur le modèle de Quartett, signé en 1980 par l’écrivain Est-allemand Heiner Müller (1929-1995), Merteuil (photo) imagine une prolongation aux Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. La langue des Lumières exulte lors des retrouvailles acérées entre Cécile de Volanges et celle qui l’a précipitée dans les serres du vicomte de Valmont (décembre).

 

Dans le même esprit pasticcio, les ATP s’associent à la Garance-Scène nationale de Cavaillon à l'occasion de l’accueil de Giselle (photo). Après la tragédie racinienne (Phèdre), le drame lyrique (Carmen), Grançois Gremaud boucle sa trilogie consacrée aux figures mythiques du répertoire. Interprète chez la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker, Samantha van Wissen prend la parole et, accompagnée d’un quatuor violon-harpe-flûte-saxophone, revisite ce classique du ballet classique, créé en 1841 par Adolphe Adam (novembre).

L’Histoire récente ou plus lointaine inspire trois propositions de la nouvelle saison. Situé près de Sétif en Algérie, Le Village de l’Allemand adapte le roman homonyme de Boualem Sansal qui entremêle réalités d’aujourd’hui et d’autrefois (novembre). Présenté en mars au Théâtre des Carmes,  And here I am décortique une adolescence en Palestine. Production de la Fédération des ATP 2024, Ma nuit à Beyrouth (photo) transforme le renouvellement d’un passeport en une plongée dans la tragédie libanaise, récemment réactivée (avril).

 

En dépit des sujets cruciaux, les Amis du Théâtre Populaire ouvrent et bouclent leur saison sous le signe de l’imaginaire et la fantaisie. A la fin du mois de mai, flanqué de ses compères, le comédien Jean-Marc Catella repasse par Avignon avec L’Homme et le pêcheur, fantaisie au bord de l’eau dans le pur esprit des lazzis et des tréteaux.

Le 29 octobre marque le retour de Une Ombre Vorace (photo). Imaginé par le dramaturge argentin Mario Pensotti, ce dialogue entre deux hommes qui ne se parlent pas, demeure l’une des plus séduisantes découvertes du dernier Festival d’Avignon.

La 70ème des Amis du Théâtre Populaire, commentée par Bernadette Rey Flaud.

Une Ombre vorace : mardi 29 octobre, 20H, Salle Benoït XII Avignon.

Compte-rendu et interview des deux interprètes, c'est par ici : https://www.michel-flandrin.fr/theatre/jean-vidal-et-michel-roux.htm

Réservations : https://www.atp-avignon.fr/

Photographies : Arnaud-Emmanuel Véron, Yann le Pape, Konrad Zelakowsky, Christophe Raynaud de Lage.

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