Après avoir œuvré à l’implantation avignonnaise de l’École internationale de théâtre Jacques Lecoq, Frédéric Biessy ajoute un pole formation à son Projet Scala qui regroupe, à ce jour, une structure de création (la Scala Provence), un lieu de représentation (La Scala Paris) et un label discographique (La Scala Musique). Encouragé par la philosophe-psychanalyste Cynthia Fleury, dans sa conviction que les humoristes constituent les philosophes d’aujourd’hui, le producteur rumine l’idée d’une académie de la fantaisie francophone, telle qu’il en existe déjà outre-Atlantique.
L’humour est un art ! Portée par cette certitude, Geneviève Meley-Othoniel, ancienne attachée à la direction du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, adhère au projet mûri par l’entrepreneur de spectacle. Reste à dénicher, non un parrain mais un directeur pédagogique.
Capable de remplir les Zéniths, voire des salles de cinéma (91 684 spectateurs pour la projection d’Anesthésie générale, le 10 mars dernier) avec des seuls en scène autour des religions (Hallelujah Bordel), le terrorisme (Happy Hour à Mossoul), la dépréciation de l’Assistance publique (Anesthésie Générale), Jérémy Ferrari, au même titre que Frédéric Biessy, est un intuitif structuré.
A ses prestations artistiques, se greffent l’écriture d’essais et de scénarios, la production de spectacles, l’organisation de festivals ou conférences.. . Même s’il n’a jamais dépassé la classe de seconde, avant d’effectuer un passage éclair au Cours Florent, Jérémy Ferrari, rêvait d’une école qu’il aurait aimé fréquenter.
L’établissement proposerait des ateliers d’écriture et d’expression corporelle, des cours de théâtre, de rhétorique et d’improvisations, auxquels s’ajouteraient des master classes en lien avec la conviction que les humoristes demeurent les premiers chroniqueurs de leur époque.
Du rêve au projet, Frédéric Biessy met à disposition les espaces de la Scala Provence en première année puis de la Scala Paris, pour la cession suivante. Geneviève Meley-Othoniel pose les bases d’un cursus doctorant et démocratique, ouvrant droit aux bourses et à la Formation professionnelle.
Les auditions d’admission s’adressent à des personnes titulaires du baccalauréat avec une expérience de la scène ou de l’écriture audiovisuelle. La partie avignonnaise propose 30 heures de cours hebdomadaires, délivrées par six professeurs certifiés. La période parisienne se compose de 15 heures de cours et du travail au plateau. Au terme du parcours, sera décerné un diplôme professionnel d’artiste humoriste.
Reste à savoir si l’humour peut s’apprendre. Jérémy Ferrari préfère cultiver la sensibilité humoristique de chaque étudiant, qui à la sortie, auront un spectacle prêt à jouer. Un stand-up ? Sans doute ou un autre type de proposition en duo, trio.. et plus si affinités. Car il sera moins question de fabriquer un produit calibré que de favoriser l'épanouissement des personnalités.
On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui.
Souhaitons que ce projet, né de la rencontre entre un artiste, une institutionnelle et un utopiste, éclaire la Planète humour, jungle ô combien foisonnante mais pas toujours très drôle.
ESAR (École Supérieure des Arts du Rire) : ouverture des activités à partir du 30 septembre 2024 à Avignon; A compter du 29 septembre 2025 à Paris.
Renseignements, dossier d’inscription sur : https://lascala-esar.fr/
Photographies: Renaud Corlouer, Thomas O'Brien.