Tapis dans le recoin de certains tableaux chez Constantin Nitsche, impliqués dans de perpétuels psychodrames par Gabriel Abrantes, cet automne les ectoplasmes se répandent sur une aile et au sous-sol de la Collection Lambert
Grand prix de la Semaine de la critique (Festival de Cannes 2018), pour Diamantino, improbable précipité de football, de migrations et d’espionnage ; Prix du jury du Festival du film fantastique de Gérardmer 2024 avec Amalia’s Children, cauchemar familial à base de gémellité, Gabriel Abrantes transporte à Avignon une sélection d'oeuvres et installations traversées de fantômes.
Dans The Brief History of Princess X, le cinéaste convoque les codes du docu-fiction pour justifier les origines du phallus en bronze poli présenté par son auteur, Constantin Brâncusi (1876-1957), comme le portrait de la princesse-psychanalyste Marie Bonaparte (1882-1962).
Pendant ce temps-là, dans une salle mitoyenne, une statue en pied se chamaille en boucle avec un hippopotame miniature (photo).
Structurée autour de quatre films, l’installation Bardo Loop, compile les mésaventures de petits spectres, comme échappés d’une animation des Studios Pixar. Les farfadets squattent également la Maison Fantôme, érigée par l’équipe de la Collection Lambert.
Solidement charpentée mais sans cloison, la structure accueille sur ses cimaises des toiles hyperréalistes réalisées à partir d’images de synthèse.
Omniprésence de l’eau, liquide matriciel ou flux de déluge ; mise en abîme des technologies virtuelles à l’aune des techniques classiques, Gabriel Abrantes mélange des expressions et panache le drame et le canular.
Le plasticien-vidéaste dessine une balade insolite, où les pirouettes de l’enfance, les étincelles du merveilleux perturbent l’usure de l’ordinaire et les inquiétudes du moment.
Rencontre avec Gabriel Abrantes à l'issue d'une première visite.
Le cinéma et la figuration innervent également l’underground de la Collection.
Lumière blanche, murs immaculés façon 2001, l’Odyssée de l’espace (1968), La Valse des fleurs de Tchaïkovski se substitue au Beau Danube bleu de Johan Strauss.
Les toiles de Constantin Nitsche évincent les statues et tableaux de maître qui tapissent la chambre du docteur David Bowman, figure centrale du chef-d’œuvre prémonitoire de Stanley Kubrick (1928-1999).
L’artiste fixe ses proches en leurs espaces quotidiens. Ses compositions relèvent d'une épure méticuleuse. Ça et là, en écho avec les pièces hantées du rez-de-chaussée, des visages en filigrane affleurent à la surface.
Apaisement, souci, assoupissement, langueur tchekhovienne, spleen proustien, une mélancolie ouatée perce de cette série auréolée d’une palette délicate et sophistiquée.
Plus de détails en compagnie de Frédéric Nitsche, qui, grâce à la Collection Lambert, connaît sa première exposition au sein d’une institution publique.
Expositions en cours :
Gabriel Abrantes : jusqu'au 20 mars 2026
Constantin Nitsche, La Valse des des fleurs : jusqu'au 25 janvier 2026
Un chant d'amour : Jean-Michel Othoniel et la Collection Lambert (photo) : jusqu'au 4 janvier 2026
Article et interview par ici : https://www.michel-flandrin.fr/expositions/laure-petrarque-le-verre-et-l-aluminium.htm
Collection Lambert : 5 rue Violette, Avignon
14h – 18h du mercredi au vendredi, 11h – 18h samedi et dimanche
Café-librairie ouvert dès 11h, du mercredi au dimanche.
Dernières admissions 30 minutes avant la fermeture du musée. La durée de votre visite est libre (comptez environ 2h).
Fermetures annuelles les 25 décembre. et 1er janvier.
Informations : https://collectionlambert.com/
Photographies : Michel Flandrin.