Enfant de la balle malgré elle

Actualité du 11/11/2025

 

Elle connaît bien l’été avignonnais. En 1988, elle fut l’hôte du Festival d’Avignon avec Freaks,  adaptation avec la complicité de Jean-Claude Carrière, du film de Tod Browning (1932). Par la suite, seule en scène, elle présenta Sous ma peau sur plusieurs plateaux du Off.

L’hiver, Geneviève de Kermabon aime se poser au Théâtre des Halles, chez Alain Timàr qui depuis toujours affectionne les clowns et les arts circassiens. En janvier 2023, aux côtés de Simon Martin et Joe Sheridan, elle était Céleste, vénérable écuyère toujours en selle depuis pas loin d’un demi-siécle.

Il faut dire que, depuis son plus jeune âge, la saltimbanque s’est produite sur de multiples pistes aux étoiles. Au carrefour de la tradition et des nouvelles vagues, elle fréquente, à ses débuts, le cirque équestre Alexis Gruss, suit les colossales caravanes de la famille Krone, le plus grand chapiteau d’Europe. Puis on l’aperçoit au trapèze du Grand Magic Circus cher à Jérôme Savary et la retrouve dans la rue aux côtés de Bartabas, bien avant Zingaro.

Extravagance baroque, frisson du danger, travail harassant, bêtise brutale.., saupoudrés, ça et là, d’une poignée de fantaisie et de quelques pincées de tendresse, le chemin de vie de Céleste-Geneviève nourrit une époustouflante fresque circassienne et marionnettique.

Fin 2025, Geneviève de Karmabon revient aux Halles ; mais cette fois solitaire au plateau mais entourée des regards extérieurs de Hervé Pierre, ex sociétaire de la Comédie Française et Karelle Prugnaud, metteure en scène-performeuse, madone de la corporalité.

Alice est la fille d’artistes reconnus. Pourtant, l’enfant de la balle se sent peu portée à rebondir avec la créativité et la prestance des ses géniteurs.

Être à sa place. La légitimité constitue l’axe central de Attraper l’ange. Dans le sillage des précédentes créations, l’auteure associe souvenirs intimes et témoignages issus de conversations, retranscrites avec des artistes tels Ariane Ascaride, Catherine Hiegel ou Charles Berling et bien d’autres artisans du spectacle.

Sur scène : sourire conquérant, crinière écarlate, l’interprète se démultiplie, découpe, recoupe, assemble. Masques, vêtures, mannequins et marionnettes, une troupe affleure des recyclages et autres bidouillages. Un cirque, un monde émergent de ses mains.

Le cinéma n’est pas en reste il maestro Fellini, l’auteur de La Strada (1954) et des Clowns (1970), veille sur cette autobiographie romancée dans laquelle Alice tente d’attraper l’ange, d’atteindre cet instant fugitif et indescriptible, où un numéro périlleux vacille entre l’exploit éblouissant et l’échec fatal.

Enfin, ce nouveau solo constitue une nouvelle occasion de plonger dans la poésie âpre et bariolée, l’imagerie truculente et sensible de la seule et unique Geneviève de Kermabon.

Attraper l’ange : vendredi 14 novembre 20H, Théâtre des Halles Avignon.

Réservations :  https://www.theatredeshalles.com/pieces/attraper-lange/

Interview de Geneviève de Kermabon, autour de Céleste sa création présentée en 2023, c'est par ici : https://www.michel-flandrin.fr/theatre/celeste-une-vie-de-cirque.htm

Photographies : Proxima Scena.

Retour à la liste des articles