Sortir un film de requins l’année où Les Dents de la mer fête son 50ème anniversaire, l’idée est amusante. D’autant que, sourire avenant, cheveux bouclés, carrure râblée, Jai Courtney, le protagoniste central de cette bande venue d’Australie, s’est façonné la silhouette de Richard Dreyfuss, l’océanologue aquaphobe embarqué dans la pêche au (très) gros, filmée par Steven Spielberg.
La comparaison s’arrête là car, en dépit de son titre, au cours de Dangerous Animals, le péril cardinal rode non dans l’eau mais sur le pont de la Tucker’s Experience. Le navire d’attraction où des touristes oxygénés et encagés évoluent parmi les squales, s’impose comme le lieu principal du thriller commis par Sean Byrne.
Ainsi découvre-t-on que son petit commerce permet au dit Tucker d’assouvir d’abominables turpitudes.
Dangerous Animals repose sur un scénario signé Dick Lepard. Celui-ci réussit un croisement astucieux entre fantasmagories océaniques et perversions criminelles.
À l’évidence, les sorties en mer imaginées par le timonier, accro au caméscope, prolongent les procédés mortifères échafaudés par Mark Lewis, figure centrale du Voyeur, chef-d’œuvre sulfureux et visionnaire signé Michael Powell (1960).
En conséquence, sous la ronde patiente de requins débonnaires, à bord du Tucker’s Expérience s’organise un mano a mano cruel avec Zephyr, (Hassie Harrison), surfeuse rebelle qui se révèle un appât plus que rétif à la séance prévue par le marin disjoncté.
Certes, dans les dernières minutes, la bonne volonté du spectateur supplante la crédibilité de l’action. Mais de la cale au pont du rafiot-piège à touristes, le cache-cache survolté s’apparente à un exercice de style dont l’efficacité lapidaire réveille le souvenir de Terreur aveugle (Richard Fleischer 1971) ou Calme blanc (Philip Noyce 1989).
Au-delà du punch digne des meilleures séries B, les péripéties nous renseignent beaucoup sur les félins des mers, leurs variétés, leur caractères, leur denture.. . Donc on frémit et on apprend des choses. En fin de conte et eu égard au prototype d’humanité qui rode à la surface, il apparaît ces Dangerous Animals sont limite sympathiques.
Photographies : Le Pacte Distribution.