Samuel Achache délaisse les cloîtres du Festival d’Avignon pour les dorures à l’italienne de l’Opéra. Le lieu accueille Les incrédules, défini comme un opéra invraisemblable pour chanteurs, acteurs et 52 musiciens.
Situation de départ : après s’être interrogée sur la connexion biologique entre le chagrin et les larmes, une jeune femme (Sarah le Picard co-auteure du livret) apprend au téléphone le décès de sa mère. À cet instant, la défunte entre dans la pièce, plus en forme que jamais.
La situation est à l’origine d’une collecte de témoignages effectuée par Samuel Achache et le compositeur Antonin-Tri Hoang, autour d’évènements inexplicables et prodigieux. Le matériau devient le socle d’un ouvrage opératique qui avance par tableaux et entremêle chants, récitatifs et parlé-chanté.
À la formation lyrique (l’Orchestre de l’Opéra national de Nancy) en fosse, répond, sur scène, un quatuor (accordéon, violon, violoncelle, saxophone ou clarinette basse) qui assure l’office du chœur. S’y ajoute enfin un pupitre inédit, sorte de harpe aléatoire.
Cet instrumentarium concertant et déconcertant est au service d’une distribution où certains rôles sont simultanément pris en charge par une actrice et un acteur ; ou une chanteuse et un chanteur.
Extravagant, sophistiqué mais jamais écrasant, le dispositif participe d’un voyage mental, d’une rêverie qui passe par un laboratoire de paléontologie et se clôt au pied d’un mur des lamentations.
Imprévu, insolite, incertitude, énigme fantastique, mystère métaphysique.., au spectateur de trouver son chemin à travers cet OTNI (Objet théâtral non identifié) gorgé d’inventions, peu avare d’émotions et d’une parfaite exécution.
Les Incrédules : présenté à l'Opéra Grand Avignon, lors du Festival d'Avignon 2025
Photographies : Christophe Raynaud de Lage.